(Pointe-à-Pitre, Guadaloupe 1887 - Giens, França 1975)
ANABASE
II
Aux pays fréquentés sont les plus grands silences, aux pays fréquentés de criquets à midi.
Je marche, vous marchez dans un pays des hautes pentes à mélisses, où l'on met à sécher la lessive des Grands.
Nous enjambons la robe de la Reine, toute en dentelle avec deux bandes de couleur bise (ah! que l'acide corps de femme sait tacher une robe à l'endroit de l'aisselle!).
Nous enjambons la robe de Sa Fille, toute en dentelle avec deux bandes de couleur vive (ah! que la langue du lézard sait cueillir les fourmis à l'endroit de l'aisselle!)
Et peut-être le jour ne s'écoule-t-il point qu'un même homme n'ait brûlé pour une femme et pour sa fille.
Rire savant des morts, qu'on nous pèle ces fruits!... Eh quoi! n'est-il plus grâce au monde sous la rose sauvage?
Il vient, de ce côté du monde, un grand mal violet sur les eaux. Le vent se lève. Vent de mer. Et la lessive
part! comme un prêtre mis en pièces...
Nous enjambons la robe de Sa Fille, toute en dentelle avec deux bandes de couleur vive (ah! que la langue du lézard sait cueillir les fourmis à l'endroit de l'aisselle!)
Et peut-être le jour ne s'écoule-t-il point qu'un même homme n'ait brûlé pour une femme et pour sa fille.
Rire savant des morts, qu'on nous pèle ces fruits!... Eh quoi! n'est-il plus grâce au monde sous la rose sauvage?
Il vient, de ce côté du monde, un grand mal violet sur les eaux. Le vent se lève. Vent de mer. Et la lessive
part! comme un prêtre mis en pièces...
ANÀBASI
II
Als països concorreguts hi ha els més grans silencis, als països concorreguts per llagosts a migdia.
Camino, camineu per un país d'alts pendissos amb tarongines, on posen a assecar la bugada dels Grans.
Passem per damunt del vestit de la Reina, tot de blonda amb dues bandes de color gris (ah! com l'àcid cos femení sap embrutar un vestit en el lloc de l'aixella!).
Passem per damunt del vestit de Sa filla, tot de blonda amb dues bandes de color viu (ah! com la llengua de lluert sap caçar les formigues en el lloc de l'aixella!).
I potser no acabarà el dia sense que un mateix home no hagi desitjat amb ardor mare i filla.
Riure savi dels morts, que ens pelin aquells fruits!
...I ara! ¿és que al món ja no hi ha gràcia sota la rosa salvatge?
D'aquesta part del món, arriba un mal violaci sobre les aigües. S'aixeca el vent. Vent de mar. I la bugada
se'n va com un sacerdot fet trossos...
Saint-John Perse. Anàbasi. Traducció d'Alfred Sargatal. Pròleg d'Octavio Paz. Edició bilingüe. Sant Boi de Llobregat, Barcelona, 1984, pàgs. 32-33.
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